Self-Love : au-delà du cliché, un vrai chemin de transformation
- DAN MISSIN
- 18 sept.
- 5 min de lecture
On parle beaucoup de self-love aujourd’hui. Il y a des livres, des posts Instagram, des slogans sur des mugs. Mais les scientifiques, eux, se sont longtemps tenus à distance. Contrairement à la self-compassion ou à l’estime de soi, le self-love n’a même pas encore de définition scientifique consensuelle.
La psychologue suisse Eva Henschke a été l’une des rares à s’y atteler. Ses recherches, publiées en 2023 dans The Humanistic Psychologist, ont permis de développer un modèle clair du self-love, construit à partir d’entretiens avec des psychothérapeutes. Elle identifie trois dimensions :
Self-contact : l’attention que vous vous portez, la connexion avec vous-même.
Self-acceptance : être en paix avec toutes les parties de vous, même celles qui vous dérangent.
Self-care : prendre soin de vous, vous protéger et vous nourrir.
Ce qui me parle dans cette définition, c’est qu’elle est concrète. Elle dit : le self-love n’est pas un état figé où tout est parfait. C’est un processus continu, qui fluctue, qui demande du courage et de la pratique.
Un concept encore sous-exploré, mais vital
Pendant longtemps, le self-love a été vu comme suspect. Déjà dans la Grèce antique, le mythe de Narcisse nous avertissait des dangers d’un amour de soi “excessif”. Et c’est encore ce qui freine certains chercheurs aujourd’hui : comment étudier l’amour de soi sans le confondre avec le narcissisme ou l’égoïsme ?
Pour cette raison, beaucoup de recherches ont préféré étudier la self-compassion — le modèle de Kristin Neff, à l’Université du Texas, qui repose sur trois piliers : se traiter avec bienveillance dans les moments difficiles, reconnaître que nos expériences font partie de l’humanité commune, et pratiquer la pleine conscience sans se laisser emporter par les émotions.
Les résultats sont impressionnants : la self-compassion aide les athlètes de haut niveau à devenir plus résilients, réduit le risque de suicide chez les vétérans, et améliore la santé mentale des aidants.
Mais même si nous n’avons pas encore toutes les études sur le self-love, il reste un élément central de l’épanouissement humain. Henschke, tout comme de jeunes chercheurs comme Siying Li en Australie, travaillent à créer des outils pour le mesurer et l’enseigner.
Le self-love comme chemin de vie
Pour moi, le self-love n’est pas un concept théorique : c’est une pratique quotidienne. En coaching, je le vois tous les jours :
Quand quelqu’un apprend à dire non à ce qui le vide.
Quand il se met à écouter ses besoins avant de vouloir sauver tout le monde.
Quand il ose regarder en face sa colère, sa tristesse, sa honte, au lieu de les enfouir.
Le self-love, ce n’est pas se dorloter avec un spa et un chocolat chaud (même si ça peut en faire partie). C’est parfois affronter les parties de soi qu’on voulait éviter, se dire la vérité sur ce qui doit changer, poser des limites claires, se donner la permission de désirer plus grand.
Et oui, ce n’est pas facile. C’est facile de dire “il faut s’aimer soi-même”. C’est autre chose de le ressentir dans les tripes, de l’incarner, surtout si on a grandi avec le message qu’on n’était pas “assez bien”. C’est pourquoi l’habituation et la pratique sont essentielles : on s’entraîne à se reconnecter à soi, jour après jour, jusqu’à ce que cela devienne plus naturel.
S’aimer pour mieux aimer les autres
Et voici un point qui me semble essentiel : s’aimer soi-même n’est pas égoïste, c’est un cadeau pour les autres.Pourquoi ? Parce qu’une personne qui se respecte, qui se traite avec bienveillance et qui sait se réguler émotionnellement, apporte une énergie plus claire et plus stable dans ses relations.
Quand vous êtes en paix avec vous-même, vous n’attendez plus des autres qu’ils comblent vos manques, vous ne surchargez plus vos proches avec vos blessures non guéries. Vous pouvez aimer plus librement, sans condition, sans pression.
En coaching, je le vois : un client qui apprend à se donner de l’attention devient un meilleur parent, un partenaire plus présent, un leader plus inspirant. Son entourage bénéficie directement de son travail sur lui-même, parce qu’il rayonne plus de sécurité et de clarté.
Comment cultiver le self-love
Voici trois pratiques simples mais puissantes que j’utilise souvent dans mes accompagnements :
1. Se reconnecter à soi (Self-contact)Prenez chaque jour 5 minutes pour scanner votre corps, vos émotions, vos pensées. Sans juger. Juste pour voir où vous en êtes.
2. Accueillir sans censure (Self-acceptance)Quand une émotion inconfortable apparaît (colère, honte, tristesse), ne la repoussez pas. Dites : “ok, tu es là”. Cette simple reconnaissance commence à apaiser le système nerveux.
3. Passer à l’action (Self-care)Choisissez une action de soin par jour. Cela peut être dormir une heure de plus, dire non à un projet, aller marcher dans la nature, ou simplement boire un verre d’eau en conscience.
Ce que nous apprend la recherche
Des chercheurs de l’Université du Wisconsin ont montré que le degré auquel une personne s’aime elle-même est bien corrélé à d’autres indicateurs de santé mentale. Cela semble évident, mais cela valide scientifiquement l’idée que le self-love est un facteur protecteur.
Et d’autres travaux, comme ceux de Campbell et Baumeister, rappellent que non, le self-love n’est pas forcément un prérequis pour aimer les autres, même si avoir une identité stable aide à construire des relations saines.
Le self-love, un chemin jamais “propre”
Comme le dit le réalisateur Remy Styrk, “le self-love ne sera jamais un joli petit paquet bien ficelé.” C’est un processus brut, où l’on apprend à exprimer toute la palette : colère, peur, désir, joie, fierté. C’est accepter que chaque partie de nous mérite d’avoir une voix, même celles qui nous mettent mal à l’aise.
Et c’est là que ça devient puissant : quand on apprend à rencontrer toutes ces parties, on cesse d’être en guerre contre soi. On devient unifié.
Pour aller plus loin
📚 Lectures :
Self-Compassion de Kristin Neff – la référence scientifique sur l’auto-bienveillance.
Love Yourself Like Your Life Depends On It de Kamal Ravikant – plus court, brut, très incarné.
🔎 Pratiques :
Méditation d’auto-compassion de Kristin Neff (gratuite en ligne).
Journaling quotidien : “Qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui pour me traiter comme quelqu’un que j’aime ?”
Une conclusion qui vous rend votre pouvoir
Le self-love n’est pas un luxe ni un caprice. C’est un acte de responsabilité envers soi et envers les autres. Plus vous vous respectez, plus vous élevez la qualité de vos relations, plus vous inspirez ceux que vous aimez à faire de même.
Ce que j’aime dans cette vision, c’est qu’elle nous redonne notre pouvoir : vous n’êtes plus en attente d’être sauvé par l’extérieur, vous devenez la personne qui rayonne et qui transforme son environnement.



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